La figure de l'ennemi prépare, accompagne et soutient l'effort de guerre. Des rhétoriques et des scénographies la construisent. Des savoirs à prétentions scientifiques ou religieuses la légitiment. Des médias la transmettent.
Les relations franco-allemandes depuis 150 ans permettent d'observer ce construit, son exacerbation passionnelle pendant et entre trois guerres successives, en même temps que son évaporation tout aussi remarquable après les années 1950 avec la construction européenne. Allemands et Français, ennemis héréditaires d'hier, sont devenus la colonne vertébrale de l’Europe. Ce retournement en une génération de représentations hostiles pourtant séculaires a définitivement sapé la crédibilité des discours qui depuis nous proposent des figures hostiles de remplacement : l’Union soviétique après 1945, le terrorisme islamiste depuis la chute du Mur de Berlin.
Contrastant avec les passions qu'elle suscite et avec l'impossibilité pour les adversaires de l'interroger sur le moment, l'inconsistance de la figure de l'ennemi telle qu'elle s'avère dans l'après-coup, sa versatilité au gré des discours qui la fabriquent et la scénarisent, révèlent qu'elle a une fonction. Les adversaires sont unis par leur désignation mutuelle comme ennemis, qui renforce par réciprocité leurs identités propres. Que deviendrait chacun s'il n'avait pas un ennemi sur qui compter pour se rassurer sur lui-même ? La société, l’individu peuvent-ils exister sans lui ?
Sommaire
Introduction
par Reinhard Johler, Freddy Raphaël & Patrick Schmoll
Du bon usage de l'ennemi
Polémologie et construction de l’ennemi
par Pascal Hintermeyer
Images de l’ennemi et violence.
Sur les caractéristiques constitutives de la société soviétique
par Dietrich Beyrau
L’anti-américanisme :
genèse d’un préjugé en Allemagne et en France
par Karen Denni
"Gott mit uns !"
Entre amour de l’ennemi et haine héréditaire.
Les Églises catholiques allemande et française et la Première Guerre Mondiale
par Claudia Schlager
Guerre par devoir ou guerre par choix ?
Remarques sur un problème halakhique et ses perceptions actuelles
par Stefan Schreiner
Typifications
L’ennemi intérieur : la figure du traître en temps de paix et en temps de guerre
par Sébastien Schehr
Juif, tsigane et homosexuel en tant que figures du marginal existentiel
par Régis Schlagdenhauffen-Maïka
“L’ennemi carcéral” dans la presse française et allemande
par Pascal Décarpes
Mises en images et enjeux de mémoire
“Expositions coloniales” dans les camps de prisonniers.
L’ethnographie visuelle de l’ennemi‚ entre vulgarisation scientifique et propagande pendant la guerre de 1914-18
par Monique Scheer
“War is over !”. Pour une iconographie des fins de guerres
par Ulrich Hägele
Les monuments aux morts de la guerre de 1870 en Alsace ou le souvenir de l’ennemi
par Marie-Noële Denis
“Encore Auschwitz !”.
De l’ère du témoin à l’ère du soupçon : les enjeux de la mémoire et de l’histoire
par Freddy Raphaël
Une figure volatile
Tantôt ami, tantôt ennemi.
Les relations franco-allemandes durant l’occupation de la rive gauche du Rhin après 1918
par Sabine Kienitz
L’ennemi : une figure absente dans le journal de guerre 1915-1918 de Francesco Giuliani, berger poète des Abruzzes
par Gabrielle Petitdemange
L'ennemi introuvable
par Patrick Schmoll
Ambivalence de la figure de l’ennemi
par Geneviève Herberich-Marx
Lire l'introduction

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